mardi 2 juillet 2013

La Guerre de Corée Partie 1 : histoire de la Partition Nord-Sud

Même si je poste mes messages à une date particulière (celles de mes visites et non du jour de publication), les 2 prochains messages feront écho à une actualité très récente en Corée : l'arrêt des négociations avec la Corée du Nord pour cause de rodomontades du nouveau dictateur, et la célébration en grande pompe du 60ème anniversaire de l'armistice entre la Corée du Sud et la Corée du Nord.


Afin d'y voir un peu plus clair, il est important de raconter l'histoire de la Guerre de Corée, qui de 1950 à 1953 déchira la péninsule et fut de fait le plus gros conflit "direct" de la Guerre Froide entre le bloc de l'Est et les Occidentaux.

Le conflit prend ses racines dans la Seconde Guerre Mondiale : L'ensemble de la Corée est alors une colonie Japonaise, de même que la Mandchourie Chinoise plus au Nord et à l'Ouest.

La présence Japonaise est d'une violence effroyable, tant pour les Coréens réduits en quasi-esclavage, que pour les Chinois de Mandchourie qui subissent un quasi-génocide.

Un certain nombre de groupe de résistance communistes s'organisent, en particulier sous l'influence du Parti Communiste Chinois de Mao, tant en Mandchourie qu'en Corée.

Parmi les membres Coréens, un certain Kim Song-Ju, lui même fils de militant indépendantiste, arrive à réaliser quelques faits d'armes remarquables contre l'occupation Japonaise  en 1940 . Il prend alors le nom de Kim Il Sung.

Les Japonais lancent alors une campagne de "nettoyage" des groupes de résistances, à laquelle Kim Il Sung sera un des rares à échapper. Il se réfugie alors en Union Soviétique pour y parfaire son "éducation", à la fois militaire et idéologique, et devenir un dirigeant potentiel en cas de victoire.


Techniquement, le Japon et l'URSS n'étaient pas en guerre, l'un comme l'autre voulaient éviter un conflit trop lourd et stratégiquement peu opportun. Ils avaient d'ailleurs signé un traité de neutralité réciproque en 1941.

A la conférence de Yalta, Staline s'était cependant engagé à entrer en guerre contre le Japon peu après la capitulation de l'Allemagne, qui apparaissait déjà inéluctable. De même, il fut déjà décidé que la péninsule Coréenne serait "coupée" sur le 38ème parallèle, l'URSS y stationnerait au Nord, les USA au Sud, et que le pays serait géré conjointement jusqu'à la tenue d'élections libres et démocratiques.


le 9 Aout 1945, 3 mois après la capitulation de l'Allemagne, Staline remplit son engagement, et comme prévu, déclara la guerre au Japon, tout en déplaçant une partie de l'Armée Rouge en Sibérie Orientale, et repris rapidement le contrôle d'une partie de la Mandchourie Chinoise et de la Péninsule Coréenne, tandis que les Américains débarquèrent au Sud. L’armée Japonaise avait de toute façon déjà largement vidé les lieux, et les bombardements nucléaires de Hiroshima puis de Nagasaki mirent un terme définitif à la Seconde Guerre Mondiale.



En Janvier 1946, des élections furent organisées par l'ONU nouvellement créée, mais elles furent immédiatement boycottées par les différents mouvements communistes et nationalistes, qui y voyaient une invasion Américaine.

L'URSS plaça "naturellement" à la tête du mouvement communiste un des rares cadre Coréen du Parti ayant activement participé à la résistance antijaponaise, et totalement dévoué à Staline : Kim Il Sung.

Kim-Il Sung obtint de l'URSS et de Staline une très large liberté d'action quant à la gestion du parti, et de facto de la partie Nord du pays, et demanda à Staline de retirer ses troupes . Dès cette époque, Kim-il Sung songeait déjà à réunir par la force la Corée, et demanda à Staline son appui.  Staline n'y était pas favorable, en raison de la désorganisation de la nouvelle armée Nord-Coréenne, et de la réaction potentielle des États Unis qui disposaient de l'arme atomique.

Dès 1946, les premières frictions apparurent entre le Sud et le Nord sur la gestion du pays, chacun se réclamant de l'unification du pays.
Cette situation s'accompagnait de  mouvements de population et de violences à la frontière, le Sud et le Nord s'accusant mutuellement de provocations et d'actions de guérilla.

En 1949, Kim-Il Sung réitéra son projet d'invasion à Staline et Mao. Cette fois, Kim-Il Sung put argumenter sur le fait que l'Armée Sud-Coréenne était elle même très faible, tant en organisation qu'en effectifs, et que les Américains n'auraient pas le temps de réagir, alors que le Nord s'était réorganisé nettement plus vite avec la conscription forcée.

L'URSS ayant obtenu la bombe atomique, Staline ne craignait plus les représailles américaines. Devant l'insistance tenace de Kim-Il Sung, l'URSS équipa et forma secrètement l'Armée Nord-Coréenne avec des conseillers militaires, des armes légères, une très puissante artillerie, des avions de combat à réaction et  surtout  plusieurs centaines de chars T34 issus du front de l'Est.


Le 25 Juin 1950, l'Armée Nord Coréenne passa à l'action, et déborda totalement l'Armée Sud-Coréenne, désorganisée et sous équipée. En particulier, l'Armée Sud-Coréenne n'avait que quelques pièces d'artillerie, pas de DCA et surtout pas d'armement antichar.

L'assaut, extrêmement rapide, permit à l'Armée Nord Coréenne d'envahir presque toute la Péninsule en moins de 2 mois, l'Armée Sud Coréenne et les quelques divisions légères Américaines  s'étant repliées sur une petite portion du Sud Est de la Péninsule, vers la ville de Pusan


Les Américains, eux aussi pris au dépourvu, considérèrent qu'il s'agissait d'une agression, rappelèrent immédiatement le Général Douglas McArthur, héros du Front Pacifique et principal artisan de la défaite du Japon, pour commander et coordonner la contre-attaque.
Quand la démocratie Américaine fait cette gueule-là, c'est que ça va chier....

Aidée de nombreux corps expéditionnaires venus du monde entier (Angleterre, Commonwealth, France, Turquie, mais aussi Inde), les Américains lancèrent à la fois une gigantesque contre-attaque terrestre dans le Sud Est, ainsi qu'une opération amphibie à Incheon, de facto le port de Séoul, pour prendre l'Armée Nord Coréenne à revers.





Les Américains et les Alliés dépêchèrent leur armement le plus récent (chasseurs à réaction, tanks lourds) et leurs meilleurs éléments de commandement issus de la Seconde Guerre Mondiale, qui balayèrent très rapidement le matériel obsolète Nord-Coréen.


Kim-Il Sung ne s'attendait pas à un tel retournement de situation,  et l'Armée Nord-Coréenne subit alors défaite sur défaite et replis sur replis. Les forces des Nations Unies atteignirent rapidement à nouveau le 38ème parallèle.

Pendant ce temps, Kim Il Sung négocia en secret une intervention militaire Chinoise. Mao accepta d'intervenir, à condition que les Américains dépassent eux-mêmes le 38ème parallèle.


Dès l'automne 1950, les Alliés et les Sud Coréens atteignirent la frontière chinoise.

Cependant ce temps, Mao fit déplacer secrètement une bonne partie de l'Armée Populaire Chinoise, composée de 54 divisions et 270 000 hommes, suivie de presque 1 000 000 d'hommes, soi-disant "volontaires".

Fin Octobre 1950, les Chinois pénétrèrent en masse sur le territoire Coréen, de nuit et selon des méthodes de guérilla. Bien que techniquement très inférieure  aux forces Alliées, l'Armée Chinoise déborda à nouveau ses adversaires par le nombre en se glissant dans chaque passage laissé libre, et ne combattait que de nuit.

De plus, les Nord-Coréens et Chinois obtinrent de l'URSS le soutien aérien des tout nouveaux MiG-15, premier chasseur à réaction soviétique, supérieur à toute la production occidentale , et pilotés secrètement par les meilleurs pilotes soviétiques. 


Les Américains répliquèrent avec le F-86 Sabre, allié à des pilotes très expérimentés, qui permirent malgré tout aux USA de garder la supériorité aérienne, bien qu'âprement disputée, les pilotes alliés n'ayant pas eu l'autorisation de poursuivre les MiG jusqu'à leurs bases chinoises.

Les Chinois et Nord-Coréens repoussèrent les Alliés jusqu'au Sud de Séoul, les 2 camps subissant lourdes pertes. 


Les Alliés se réorganisèrent malgré tout rapidement, et purent passer à une contre-contre-contre offensive. les pertes furent particulièrement lourdes pour les Chinois, où presque 1 million d'hommes furent perdus lors de l'invasion.

La ligne de front se re-stabilisa au printemps 1951 autour du 38ème parallèle, et malgré de violents combat, aucun des 2 belligérants ne gagnant ou perdit significativement du terrain.

2 éléments poussèrent vers un arrêt du conflit :
- la révocation du Général McArthur en 1951 sur la gestion du conflit avec l'administration Américaine, qui avait ouvertement proposé d'entrer en guerre contre la Chine, et d'utiliser l'arme nucléaire sur Pékin,
- la mort de Staline en 1953 côté Soviétique, qui permit au officiels soviétiques de proposer à tout les belligérants une résolution de "Status Quo Ante Bellum"

En 1953, après une diminution régulière des attaques / contre-attaques sur le front, l'armistice fut enfin signée entre les 2 Corées.


La frontière fut choisie comme la ligne de front à ce moment, très proche du 38ème parallèle d'avant la guerre. Cette frontière s'accompagne de part et d'autre d'une DMZ (zone démilitarisée) de 4 kilomètres de large.


Etant donné qu'il n'y a eu ni victoire ni capitulation d'un côté ou de l'autre, les 2 Corées sont toujours techniquement en guerre, 60 ans après l'armistice.

Au total, les Sud Coréens, Américains et Alliés perdirent plus de 450 000 hommes (Civils & militaires), le Nord, la Chine et l'URSS presque 1 200 000 (les estimations varient énormément, les chiffres chinois étant encore secrets), avec 40% du potentiel industriel Coréen détruit de part et d'autre, et au total plus de 2 millions de victimes civiles Coréennes

Après la guerre, chaque Corée évolua de son côté, le Nord évolua vers l'effroyable dictature Stalinienne de Kim - Il Sung puis de sa progéniture, le Sud dût subir une dictature militaire jusqu'aux années 70, époque de la démocratisation et du décollage économique du pays.

Jusque récemment, les historiens s'écharpaient sur les responsabilités réelles de ce conflit. Même les intellectuels Français (notamment Sartre...), jugeaient à l'époque que les Américains et la Droite Sud-Coréenne portaient une grande part de responsabilité dans l'état de guérilla d'avant conflit. D'autres attribuaient l'entière responsabilité à Staline pour étendre son influence sur Mao, etc...

L'ouverture récente des archives soviétiques et le recoupement des informations avec la Chine moderne a notamment démontré que ce conflit avait été entièrement préparé et provoqué par le dictateur Nord-Coréen Kim Il Sung, et que les responsabilités des Américains, des Chinois et même des Soviétiques étaient très limitées.

Aujourd'hui, les 2 Corées se regardent encore en chiens de faïences, à travers la fameuse "DMZ" (zone démilitarisée), devenue de fait la plus militarisée au monde, avec des accrochages, des tirs de semonce et des raids commandos réguliers au cours des 60 dernières années.
La dernière en date est évidemment la construction de l'arme nucléaire par le Nord, et les "tests" de missiles balistiques.

Même si des projets de réunification ont été et sont toujours proposés, le côté totalement imprévisible de la famille "Kim" et le retard économique de la Corée du Nord font que les jeunes générations Sud-Coréens préfèreraient ne jamais avoir à supporter le fardeau d'une réunification, pas plus que la Chine ou le Japon voisins, qui verraient d'un mauvais œil une Corée réunifiée et économiquement et militairement puissante.

Quant au nouveau dictateur Nord-Coréen....



1 commentaire: