Un des rares bâtiments historique de cette ville toute
neuve, la Prison de Fremantle a de nombreux points communs avec les tristement
célèbres prisons jumelles de Saint Jean et Saint Paul à Lyon – Perrache.
La Prison de Fremantle a été construite peu après
l’établissement officiel de la colonie de la Western Australia. A la manière de
la South Australia, les premiers colons de la Western Australia étaient des
hommes libres (contrairement à Sydney), et ne souhaitaient pas la venue des
bagnards d’Angleterre.
Les besoins en main d’œuvre étant malgré tout immenses, la
colonie céda et fit venir à partir de 1850 des condamnés d’Angleterre (les
« convicts ») pour la construction des routes, des barrages, des
bâtiments...
Sauf qu’il n’y avait pas encore à l’époque d’installations pénitentiaires en
Western Australia, donc les premières arrivées de prisonniers furent chargées
de… construire leur propre prison !
Elle a été installée en haut d’une colline, selon les
préceptes hygiénistes en vogue à l’époque : la brise régulière était
sensée chasser les « miasmes » responsables des maladies.
Les prisonniers aplanirent donc une partie de la colline, et
se servirent de la pierre calcaire ainsi dégagée pour construire les
fondations, les murs et le sol, l’aspect de la pierre donnant ainsi un
« cachet » particulier pour une prison très dure.
La prison grandit et fut étendue au fur et à mesure de
l’extension de la colonie. En fait de prison, il s’agissait plus d’un dortoir
pour bagnards, car ils sortaient tous les jours pour travailler.
Lorsque le système de colonie pénitentiaire cessa en 1886,
la Prison de Fremantle fut légèrement modifiée pour devenir une véritable
prison à part entière, et ce jusqu’en… 1991.
En particulier, on y pratiquait la peine de mort par
pendaison. La dernière exécution remonte à 1964, bien que la peine de mort ait
été officiellement abolie en 1984 en Western Australia, à la suite des autres États.
A noter que la dernière peine de mort effective en Australie
remonte à 1967 dans le Victoria, mais l’abolition « fédérale »
officielle n’a eu lieu qu’en… 2010 !
Pendant presque 100 ans, cette prison fut une des plus
«dure » d’Australie : la température atteignait plus de 50° en été,
il n’y avait pas de toilettes (juste un seau dans chaque cellule), et les
cellules étaient les plus petites du pays !
Certains prisonniers avaient l'autorisation de peindre leur cellule :
Les conditions étaient tellement épouvantables que même les
gardiens craquaient et demandaient leur démission rapidement après leur
nomination.
En 1988, afin de protester contre leurs conditions de
détention, des détenus tendirent un piège aux gardiens, s’emparèrent de leur
clés, mirent tous leurs matelas en tas au milieu du bâtiment, l’aspergèrent
d’essence volée aux ateliers puis mirent le feu.
Une partie du bâtiment partit en fumée, heureusement sans
faire de victimes, et les détenus en ajoutèrent une couche en…portant plainte
contre le gouvernement, car le bâtiment n’était pas aux normes !
(l’ancienne porte d’entrée empêcha les camions de pompier de rentrer dans la
cour !)
A la surprise générale, ils… eurent gain de cause ! Et
le Gouvernement de Western Australia fut forcé de leur verser de larges
compensations financières !
Cet accident eu pour conséquence d’accélérer la fermeture de
cette prison et de forcer le Gouvernement Australien à en construire une
nouvelle, et de devoir répondre de la façon dont il traitait ses prisonniers
devant le monde entier.
La prison fut ensuite considérée comme monument historique
et classée à l’Unesco, puis ouverte en partie au public en 1994.
Cet article est à mettre en parallèle avec ce qui se passe en ce moment à Lyon, avec la transformation des prisons Saint Paul et Saint Jean à Lyon en logement étudiants / sociaux et la construction de la maison d'arrêt de Corbas.
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