Le matin à Double Beach, d’où je suis revenu sur la partie
routière pour cause de marée montante (j’avais pas envie d’être bloqué au
matin), je me fais gentiment réveiller par une mignonne ranger, qui me précise
que si je dégage pas dans les 10 min, c’est 400$ d’amende. Motivant, à 7h du
matin.
Je suis donc dans la ville de Geraldton, à 500 km au Nord de
Perth. Avec 20 000 habitants, c’est la plus grosse ville avant Dampier et
Port Headland, respectivement à….1200 et 1500 km au Nord.
Pour la petite histoire, c’est dans cette région appelée la
« Batavia Coast », que des navigateurs Hollandais en route pour la
Nouvelle Hollande (l’actuelle Indonésie) s’échouèrent sur le continent
Australien en 1629. Il s'agissait d'un naufrage volontaire suite à une mutinerie.
Geraldton vivant essentiellement de son port de pêche, son
terminal à céréales et son terminal à minerai, il n’y a pas grand-chose à voir
ni à faire.
Les panneaux sur la route sont assez explicites : passé
Geraldton, les points d’eau et de ravitaillement en carburant sont rares (on
attaque le tropique du Capricorne, avec des températures extrêmes en été), et
il est conseillé de faire des stocks avant de s’aventurer plus au Nord.
Heureusement, sans s’aventurer aussi loin, il y a le Parc
National de Kalbarri, à une centaine de km au Nord.
Sur la route longeant la côte, très peu de monde, et un
décor étrange par ce qui semble être des marais salants. Le temps d’une pause,
je me rapproche, et je découvre un étrange lac rouge-orange, signalé nulle
part.
Au bord, je découvre des panneaux indiquant « BASF Beta
Carotene production – keep out ». Pour info, le beta carotène est surtout
présent dans les carottes et autres betteraves, d’où leur coloration.
J’ignorais qu’on produisait ce truc dans des sortes de
marais salant…
Ensuite, ce sont les falaises découpées de Kalbarri, un peu
plus grandes que celles du Nullarbor, avec des variation de couleurs Rouge
–Rose –Ocre :
Et même quelques « Apôtres », comme sur la Great
Ocean Road :
Un peu plus loin, c’est le village de Kalbarri, qui à la
différence de Geraldton, est entièrement tourné vers le tourisme. On le voit
aux nombreux panneaux interdisant de camper, de dormir dans les voitures, de se
réunir… Bref, une ville où seuls les vieux retraités riches en caravanes XXL et
prêts à payer 100$ la nuit pour faire du camping sont les bienvenus…
Le genre de bled que je fuis en courant.
En même temps, quand on voit la tronche des backpackers qui
débarquent à 12 bagnoles sur la plage avec les barbeucs et les hamacs …
Comme disait Sinsémillia, « 10 chevelus dans un camion, ça pouvait pas
passer…. »
Ensuite, direction les Gorges de Kalbarri. Apparemment, il
s’agit de gorges semblables à l’Ardèche, sur lesquelles on peut naviguer en
Canoé.
Le problème, c’est que l’accès est payant, même si on ne
prévoit pas d’y passer la nuit ou de n’y passer que quelques heures.
En plus, il s’agit d’une piste en terre pendant des
kilomètres, et je ne vois pas (plus) l’intérêt de payer pour du goudron qui
n’existe pas.
Je me suis contenté de regarder ces gorges de loin, mais les
mauvaises habitudes des Australiens (faire payer pour voir de la nature)
commencent à m’exaspérer. Si au moins ils faisaient payer l'utilisation des installations (barbecues, etc...), ça serait plus logique.
Et c’est le retour sur la grand route. A ce moment, un choix
s’offre à moi :
- Continuer au Nord, sans trop savoir ou cela me mènera
- Revenir à Perth, faire toutes les réparations s/ merdier
administratifs sur le van puis tenter de le vendre
Ces derniers jours, j’ai ressenti une certaine
lassitude : j’ai un peu l’impression de voir / faire toujours la même
chose.
De plus, les différents points « à voir » sur la côte
deviennent très éloignés les uns des autres : il faut à partir de ce point, par exemple, 400
km pour rejoindre le Parc National de Francois Perron et la « Shark
Bay », 800 km pour rejoindre Exmouth et la mini-barrière de corail, 1300
km pour rejoindre Port Headland…
Et Darwin est encore à…. 3700 km (soit encore plus loin que Adelaide-Perth...) (je ne parle même pas de
Cairns, Alice Springs ou Brisbane)
Considérant les coûts d’essence, d’emmerdes potentielles, et
le fait que le décor est quand même chiant à mourir (pas autant que le
Nullarbor, mais bon…), et ce au moins jusqu’au milieu des Territoires du Nord,
je décide de rebrousser chemin.
A la longue, manger du bitume, je pense avoir eu ma dose. En
fait, à ce point, je me sens un peu comme Forrest Gump, qui coure sur tout les
Etats Unis, et qui un jour, s’arrête sans prévenir et souhaite rentrer chez
lui :
« Je veux rentrer chez moi maintenant »
DONC : retour à Perth, avec un petit arrêt voir la dernière lumière du jour dans un bled dont je ne me rappelle plus le nom :
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